Dans le cadre d’une journée portes ouvertes au sein d’un établissement médico-social de travail protégé, réservé aux personnes en situation de handicap, j’ai eu l’occasion de présenter notre activité apicole devant plusieurs personnes. Une première pour moi !
Genèse
Nous développons une activité apicole depuis 3 ans avec l’aide d’apiculteurs locaux qui nous accompagnent pour pouvoir travailler en autonomie sur la gestion de ruchers. L’idée principale en ouvrant l’accès à cette pratique est de fournir une bouffée d’oxygène à toutes personnes se greffant au projet. Une fois autonome, nous pourrons proposer aux personnes que nous accompagnons une vision différente du travail notamment avec le vivant et plus précisément avec les abeilles domestiques (Apis mellifera).
Introduction
Cette journée portes ouvertes s’est en fait déroulée sur une 1/2 journée. La veille, mon collègue et moi avons préparé la miellerie et disposer les différents matériels et photos à l’appui de notre travail d’apiculteurs en herbes dans nos ruchers.
Le lendemain, nous nous tenons prêts à accueillir nos visiteurs. Mon collègue tenant le stand dégustation et moi en tant qu’animateur. Selon les arrivées, des groupes sont formés et acheminés vers les différents ateliers de l’établissement dont on explique le fonctionnement.
Un premier groupe arrive à la miellerie, je me retrouve alors au centre de la « fosse aux lions » – Gloups !
Je m’appuie sur les différents aménagements de la pièce, préparés la veille, pour débuter le déroulé de la présentation de l’activité. Malgré quelques hésitations, je me rends compte que mon récit passionné et plutôt naturel passe bien, j’arrive à capter l’attention des personnes présentes. Je rentre même en interaction avec elles. La dégustation de miels (en fin de visite) doit certainement y jouer un rôle !
Le temps presse et les groupes suivants s’accumulent rapidement. Je dois écourter mon discours pour répondre au flux pressant de visites.
À la fin de cette journée, on me remonte et me fait des éloges sur ma présentation. Les visiteurs ont découvert et appris des choses, j’en suis ravi ! Ils ont même pu ramener un souvenir ou deux en achetant le miel de nos abeilles.
Je décide quelques jours après cette journée de réaliser et rédiger un support pédagogique reprenant mon exposé oral totalement improvisé. Il m’aura fallu quelques semaines pour le structurer et l’illustrer mais en voici le développé (sans illustration) :
Les différents postes de travail et équipements
1. La ruche
C’est quoi une ruche ?
La ruche est un espace de vie créé par l’homme dans lequel un essaim d’abeilles sociales s’installe et se développe.
Différents types de ruches
- La ruche verticale (Dadant, Warré, Langstroth, Voirnot, Layens…) composée d’un élément de base (le corps) sur lequel on ajoute d’autres éléments (exemple : une hausse).
- La ruche horizontale (kenyane, tronc) se compose d’un grand élément sur lequel on ajoute ou enlève des barrettes de bois avec une amorce de cire.
- Le format rond qui est proche de l’habitat naturel des abeilles.
La ruche Dadant
C’est le modèle standard le plus utilisé en France.
Elle est simple et solide et facilite le travail de l’apiculteur (visite et récolte).
Composition
- Plancher
- Corps (10 cadres)
- Hausse (9 cadres)
- Couvre-cadre ou nourrisseur
- Toit
- Cadres cirés : de corps et de hausse (2 fois plus petit en hauteur que ceux de corps)
2. L’enfumoir et le lève-cadres
L’enfumoir
Il facilite les interventions de l’apiculteur dans le rucher.
La fumée froide projetée avec parcimonie sur les abeilles va permettre de les alerter et de les pousser à se gorger de miel.
Pas de fumée sans feu !
Comme on peut le dire couramment, il n’y a pas de fumée sans feu ! Occupées à prendre des provisions en prévision d’une évacuation imminente (incendie), elles ne s’occuperont pas de l’apiculteur.
C’est aussi un moyen de brouiller les communications chimiques (les phéromones) entre-elles.
Le lève-cadres
Il permet de décoller et soulever les cadres, de gratter les éléments de la ruche remplis de propolis.
3. L’équipement de protection individuelle (EPI)
Se protéger des piqûres d’abeilles est essentiel lors de la manipulation des ruches, que ce soit :
- Au niveau du corps avec un vêtement étanche aux abeilles (vareuse, combinaison…), de couleur claire. Il faut s’assurer de l’étanchéité au niveau des poignets et des chevilles (bottes ou chaussures montantes).
- Au niveau de la tête avec un voile noir, résistant, donnant une bonne visibilité.
- Au niveau des mains avec des gants.
4. Récolte des hausses
L’apiculteur récolte uniquement les cadres de hausses (ceux du corps sont pour les abeilles) et elle se fait idéalement par une belle journée lorsque les alvéoles remplies de miel sont operculées au 3⁄4.
Cela assure un taux d’humidité adéquat (inférieur ou égal à 18%) pour l’extraction du miel, sinon au-delà il fermenterait.
L’apiculteur récupère chaque cadre de hausse (sans abeilles) en miellerie.
5. Désoperculation des cadres de hausse
Chaque alvéole de miel operculée doit être débarrassée de son opercule pour en permettre l’extraction.
Les outils suivants sont utilisés :
- Un bac à désoperculer
- Un couteau ou une herse à désoperculer
Récupération de la cire d’opercule
« Rien ne se perd, […] tout se transforme ! »
Antoine Lavoisier
Séchée, elle sera refondue et moulée en pain pour divers usages comme par exemple :
- la confection de bougies
- des produits cosmétiques (savon, baume à lèvres…)
- mais aussi la confection de feuilles de cire.
Ainsi nous entrons dans un cercle vertueux et la boucle est bouclée.
6. Extraction du miel
Une fois que les alvéoles sont désoperculées, les cadres vont être placés dans l’extracteur.
Il s’agit d’un appareil grâce auquel le miel sortira des rayons de lui-même, grâce à la centrifugation.
Le miel sera projeté sur les parois et coulera au fond de la cuve.
2 types d’extracteurs existent :
- Le radiaire
Il permet de traiter les deux côtés des cadres de manière simultanée (adapté au miel liquide). - Le tangentiel
Il ne peut traiter qu’une seule face du cadre. Une fois le premier côté traité, il faudra alors retourner le cadre et traiter l’autre côté (adapté au miel épais).
Nous utilisons un extracteur radiaire électrique pouvant contenir 9 cadres (1 hausse).
7. Filtration et décantation du miel
Le miel extrait, une filtration avec un tamis doit-être faite pour séparer les déchets de cire, de bois et d’abeilles.
Le miel récupéré dans un seau est ensuite transvasé dans un maturateur.
Il sera de nouveau filtré et mis à décanter pendant quelques jours.
Toutes les impuretés remonteront à la surface qui formeront une écume blanchâtre que l’on retirera avant mise en pot.
8. Mise en pot et pesée
La mise en seau/pot est imminente, l’ouverture de la vanne du maturateur reste un moment magique.
Le précieux miel coule à flot !
L’usage d’une balance est nécessaire pour peser et afficher le poids de remplissage net.
Nous proposons des pots de miel (Printemps et de fleurs) dont la contenance net est de 125 g et 250 g
9. Étiquetage des pots
La mise en pot terminée, il faut encore apporter la touche finale qui mettra en exergue le travail de nos abeilles ainsi que nos interventions pour leur bonne santé.
Après nettoyage en surface des pots de miel, nous appliquons notre étiquette sur tous les pots.
L’identité de l’étiquette est issue de la réflexion et du joli coup de crayon des travailleuses et travailleurs effectués en atelier :
- le nom : « Le goût de l’apicure » (contraction du mot : « apiculture » + « piqure »);
- le visuel : une abeille (hyménoptère qui a bien ses 2 paires d’ailes :-)).
Le goût de l’apicure, une marque sortie de nos ateliers
Depuis 3 années nous assurons une récolte plus ou moins importante de miel de Buc (Yvelines).
Au fur et à mesure, nous avons mis en place un process d’amélioration continue en prenant en compte les différentes remarques de nos consommateurs :
- En 2020, nous avons réalisé une première ébauche d’étiquette en attendant d’avoir tous les éléments pour la finaliser.
- En 2021, en vue d’identifier le miel de l’établissement, nous avons élaboré une nouvelle étiquette issue d’une réelle réflexion d’identité de notre miel local.
- En 2022, nous avons mis l’accent sur la lisibilité de notre étiquette tout en respectant le travail réalisé en 2021.
Les règles d’étiquetage avec ses mentions obligatoires ont été également respectées pour permettre de vendre notre miel.
Merci pour votre attention 😉
Conclusion
Au bout du compte, cette expérience de prise de parole au milieu d’un public, la réalisation d’un support pédagogique sur notre activité Apiculture et les différents retours positifs m’ont démontré que mes capacités de transmission sont possibles (perfectibles surement) et crédibles.
Néanmoins, travailler avec le monde du Vivant, les pollinisateurs, en plus d’être passionnants nous forcent à la modestie et l’humilité.
To bee continued…
Remerciements et spéciales Bzz
- ESAT Jean Pierrat
- Beeopic/Alvéole, formateurs en apiculture
- Amaury Frisson, apiculteur
- La biodiversité